Kilindi Iyi est devenu célèbre pour une chose simple et radicale : il a parlé haut et fort d’expériences faites à des doses que la plupart des gens n’imaginent même pas. Il racontait des prises de champignons qui montaient très haut, jusqu’à la limite du compréhensible, des sessions où il se plaçait volontairement dans une exploration extrême de la conscience. Ce n’était pas de la recherche de sensations ni de la consommation récréative.
Il expliquait ces voyages comme sa transcendance totale sur une quête continue. Là où la majorité des trips durent et déroulent des motifs connus, ses expériences explosaient la familiarité. Il parlait d’états qui, en intensité, ressemblaient à ce qu’on décrit souvent comme le breakthrough de la DMT. Sauf que pour lui ces états pouvaient durer des heures, parfois une dizaine d’heures. Dans ses récits on sentait la volonté de creuser un sillon profond dans la conscience, d’y trouver des structures, des formes, des cartographies symboliques capables d’être rapportées et discutées.
Cette pratique lui a valu une reconnaissance singulière. Il était invité à des conférences, on venait l’écouter comme un témoin venu d’un autre front. Certains voyaient en lui un éclaireur, quelqu’un qui poussait la recherche subjective plus loin que les protocoles normés. D’autres le soupçonnaient d’excès, d’esbroufe ou d’irresponsabilité dans sa prise de position publique. La scène psychédélique mondiale le connaissait pour ses récits extraordinaires et pour la question qu’il posait en silence : jusqu’où la conscience humaine peut-elle être poussée sans se perdre ?
Kilindi ne présentait pas ses voyages comme des prouesses individuelles à admirer. Il disait travailler, analyser, consigner. Chaque expérience était pour lui matière à rapport, à synthèse, à l’enseignement. Il cherchait à transformer l’étonnement personnel en éléments compréhensibles pour la communauté, en signes utilisables pour la pratique et la réflexion. C’est cette double posture, l’extrême expérimentation et la volonté de transmettre, qui a accentué son aura. On pouvait lui reprocher l’audace, on ne pouvait pas nier la densité des descriptions qu’il ramenait.
Il y avait aussi chez lui une éthique, parfois implicite, parfois revendiquée. Kilindi parlait de préparation, d’intégration, de responsabilité collective. Il refusait l’idée d’un trip comme simple spectacle. Même s’il cherchait le radical, il le situait dans un cadre d’apprentissage. Cela n’a pas suffi à éteindre les critiques. Beaucoup ont mis en garde contre la glamourisation des excès et ont rappelé que la recherche intérieure exige des garde-fous. Kilindi répondait en montrant les récits, les cartes, les conversations qu’il produisait.
Enfin, il revenait toujours sur un point essentiel : son geste n’était pas une injonction. Ce n’était ni une mode ni une recette. C’était une tentative personnelle, une manière de pousser l’enquête sur la conscience humaine jusqu’à des frontières peu fréquentées. Pour ceux qui l’ont suivi, ses voyages ont ouvert des questions, des images et des structures auxquelles on continue de revenir. Pour ceux qui l’ont critiqué, ils restent un rappel brutal que la quête de sens peut prendre des voies dangereuses. Dans tous les cas, Kilindi a déplacé le débat, et pour cela il restera une figure incontournable du paysage psychédélique contemporain.
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