Le 2C-C a toujours occupé une place un peu à part dans mon parcours, un truc que je retrouvais avec une curiosité presque tendre. À chaque fois que j’y revenais, il m’offrait une couleur différente, une façon particulière d’ouvrir le regard sans me bousculer. C’est une molécule que j’apprécie vraiment, pas pour la performance ou les sensations fortes, mais pour cette douceur singulière qu’elle amène dans mes expériences. Dans ce qui va suivre, je raconte quelques rencontres marquantes avec elle, simplement pour partager ce que j’y ai trouvé, ce que ça m’a fait vivre, et pourquoi j’en parle encore avec autant de plaisir.
La première fois, c’était 35 mg. J’étais encore dans mes premières années d’études, c’était un week-end d’intégration, ces moments où tout est un peu plus léger, où l’on se croit invincible et curieux. J’ai pris le 2C-C dans cette atmosphère-là, entouré d’amis qui, pour certains, trippaient aussi. Ce qui m’a frappé tout de suite, c’est la douceur de la montée : pas d’agitation frénétique, pas cette poussée d’énergie qui vous donne envie de courir partout. Au contraire, tout s’installe doucement, presque sédatif. On s’est retrouvés assis, à se regarder, à rire sans bruit, à profiter. Les visuels étaient là, discrets et beaux , petites ondulations, motifs qui apparaissent en périphérie, mais rien de menaçant. C’était une soirée tranquille, presque familière. Comparé à d’autres molécules que j’avais testées à l’époque, il n’y avait pas de panique, pas de moment flippant : juste une sensation de confort qui permettait la contemplation.
Plus tard, j’ai testé le 2C-C en mélange lors d’un concert de Hilight Tribe. J’avais pris une micro-dose de LSD (25 µg) et une dose standard de MDMA (125 mg), un départ très énergique et chaleureux. Sur place, l’idée m’est venue de monter le truc : revenir chez moi et tenter un Nexus Flip, sans me rendre compte qu’avec la micro dose de LSD on partait plutôt sur ce qui a donné après le Ali Flip cette pratique où l’on met un psyché sur une base empathogène. Donc 3 heures après la MDMA j’ai pris environ 60 mg de 2C-C, à peu près l’équivalent, en ressenti, de 30 mg de 2C-B selon mon expérience, et là le paysage a changé.
Là où la MDMA m’avait donné de l’ouverture, de la chaleur humaine, le 2C-C a posé une sorte d’équilibre. Il n’a pas annihilé l’énergie, il l’a affinée : ni complètement stone, ni complètement surexcité. C’était un état de juste-milieu curieux , une clarté émotionnelle doublée d’un foisonnement visuel inattendu. Je me suis retrouvé devant un miroir à me regarder se transformer : non pas une horreur ou une dislocation, mais comme si les traits se déplaçaient avec grâce, comme si le visage racontait son propre récit en silence. À un moment je me suis dit que l’effet pouvait devenir un peu trop fort , ce mélange montre bien à quel point l’ordre des prises et la combinaison d’empathogène + psychédélique peuvent amplifier tout. C’est une leçon que j’ai apprise en direct : la synergie peut te pousser plus loin que prévu.
Il y a eu ensuite ce trip extrême, que je ne peux pas vraiment recommander. On était partis sur un Candy Flip tranquille, 110 µg de LSD et 80 mg de 6-APB, puis j’ai voulu transformer l’ensemble en Ali Flip en rajoutant ce qui manquait pour le côté Nexus Flip plus sauvage. Je me suis retrouvé à rajouter 70 mg de 2C-C et 50 mg de 2C-B. Autant dire que j’étais sur des doses très costaudes. Quand la montée a pris, ça a été brutal et magnifique à la fois : je me suis effondré en position fœtale, littéralement, laissant partir une carapace que je ne savais même pas tenir. Le lâcher-prise était total. Les visuels étaient probablement les plus intenses que j’aie eus avec cette famille de molécules : les gens dans la rue grandissaient et rapetissaient, les composant de leurs visages se déplaçaient comme des marionnettes douées d’une vie propre, je voyais les yeux se balader sur le visages, et dans le parc chaque mouvement de pigeon me semblait être la chorégraphie extérieure de mes pensées intérieures.
Je me souviens d’un moment précis au petit matin : les gens partaient au travail, café à la main, clope au coin des lèvres, et tout à coup la scène semblait figée dans une sorte de tragique mécanique. J’ai eu une révélation, violente et claire, sur la condition sociale, comment chacun suivait un schéma, une répétition presque automatique. Ce n’était pas un jugement moralisateur, plutôt une observation amère-belle : la beauté de la vie réduite en habitudes. Ce trip m’a énormément apporté ; il m’a forcé à regarder la structure du monde comme on regarde un film dont on a oublié qu’on y participe.
À travers toutes ces expériences, une chose est devenue évidente : le 2C-C est extrêmement visuel pour ce qu’il a d’assez « posé » mentalement. Il offre des paysages sensoriels riches sans forcément vous emmener dans des cavernes mentales aussi profondes et labyrinthiques que celles du 2C-E ou d’un LSD massif. C’est pour ça que je l’assimile parfois au 2C-B dans son caractère ludique et visuel, mais en version plus détendue, un 2C-B qui se roulerait dans un plaid et lirait un livre plutôt que de vouloir danser toute la nuit.
Ce que j’aime chez le 2C-C, c’est cette possibilité de voir sans se perdre : on peut rester connecté, parler, observer, écrire même. Mais attention, et je le dis clairement parce que je l’ai vécu, ces mélanges puissants peuvent te pousser dans des zones où l’intégration devient plus difficile. Les doses élevées et les combos ne sont pas des trophées ; ce sont des terrains où il faut savoir rester prudent. J’ai connu la beauté, la peur, la lucidité et les révélations, parfois tout en une seule session. Elles m’ont façonné, mais elles m’ont aussi appris l’humilité.
En fin de compte, le 2C-C occupe une place particulière dans ma route : pas le plus explosif, pas le plus mystique, mais un compagnon fidèle pour ceux qui cherchent des visions claires et une douceur qui tient la main plutôt que de la secouer.
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